Urinotron

Urinotron


Forts d'une collaboration fructueuse, Dorian Reunkrilerk et Gaspard Bébié-Valérian  remportent le prix Pulsar en octobre 2017 avec leur projet Urinotron. Soutien régulier et actif de l'artiste Gaspard Bébié-Valérian, Oudeis est fière de cette récompense qui valorise la coopération, l'échange et la prospective artistique. En outre, en décembre prochain, l'Urinotron sera exposé à la fondation EDF.

+ d'infos sur :

https://pulsar.paris/

[AFG_gallery id='45']

Description

Urinotron est un ensemble sculptural, préfiguration ingénierique et sociale, Urinotron est une centrale qui produit de l'électricité à une échelle locale à partir d'un déchet organique, familier mais du reste intime, l’urine. Cette installation artistique prend la forme d’un laboratoire clandestin au sein duquel sont rassemblés des réservoirs, diverses verreries, des électrodes, des batteries, des câbles, des afficheurs divers. Ce grand tout, assemblé selon une esthétique du bricolage, peut être assimilé à une pile microbienne géante. Ce type de piles fait déjà l’objet de recherches avancées et notre objectif n'est pas tant de reproduire ou améliorer l'existant mais plutôt, par un biais symbolique et artistique, d’élaborer une mise en critique de la technique pour en éprouver les limites et créer, alors, une matière à jugement sur le contexte industriel et capitaliste dans lequel s’inscrivent les recherches sur les bioénergies.

Les enjeux associés à la transition énergétique imposent de repenser nos usages, nos modes de consommation ainsi que l’industrialisation dans nos sociétés. De l’électroménager aux transports, de la gestion des éclairages publics aux optimisations de pages web (une recherche google équivaudrait à une casserole d’eau mise à bouillir), chaque geste fait l'objet du calcul de son empreinte carbone et de son coût énergétique. L’hyper-industrialisation et le caractère abstrait de la pollution et du réchauffement climatique (micro-particules, gaz, spatialités et temporalités insaisissables à une échelle individuelle) produisent un décalage, un découplage entre la production de l’énergie et son utilisation. L’intermédiation croissante de ces circuits joue un rôle dans la perte de conscience de la place de chacun. Pourtant, comme ressources de base, illimitées et facilement adaptables, les énergies renouvelables ouvrent un modèle économique résilient.

L'intention, symbolique et concrète, pointe les rapports de force entre une production électrique dominante, centralisée, et une micro-électricité produite par chacun, potentiellement déclinable, recyclable et jusqu'au boutiste. Cette forme de résistance à cette économie en tension peut se retrouver en dehors de l’exposition et permettrait alors de penser le projet avec une seconde phase. À savoir, une imbrication à l'espace public au sein de laquelle l'installation maintiendrait sa spécificité mais serait reliée à des usages courants, utiles et permettant de repenser l'espace public et ses usages (intégration de l'énergie produite à un éclairage public, à des toilettes, à une borne de recharge de téléphone, sound system disposé pour des groupes de danseurs, affichage led, etc.).

Pulsar : bravo la pile à base d'urine !