
Atelier Nomade de Sérigraphie / Nature Sensible 2012-2013
Dans le cadre de la résidence itinérante au sein du réseau RECREA (enseignants d'éducation socio-culturelle en lycées agricoles de la région Languedoc-Roussillon), Oudeis a sillonné la région pour rencontrer artistes, enseignants et élèves.
L'Atelier Nomade de Sérigraphie tâchait d'être à la fois dans un travail d'analyse, d'interprétation et de communication pour chacune des résidences formalisées dans les établissements. Les différents artistes : Paula Bonneaud, Selma Lepart, Christophe Blanc et Jean-François Oliver, Adesso e sempre, Valentin Durif on t été rencontrés. Pour chacun, un tirage sérigraphique multicouleurs recto/verso au format raisin a été réalisé. Objets à la fois graphiques et artistiques, un travail textuel et synthétique a été fourni par notre équipe et permet d'avoir un regard global sur les démarches entreprises. De plus, un ensemble de captations vidéo, entretiens, photographies ont été réalisées et rassemblées sous la forme d'un site pouvant être consulté à la fois sur smartphone, tablette tactile ou ordinateur. Cette extension online est le pendant virtuel d'une matérialité lowtech incarnée par la sérigraphie. Oudeis assume cette dualité dans la mesure où chacun des processus est complémentaire et permet d'interroger notre rapport à l'image, l'information et comment nos usages sont conditionnés variablement selon les supports. De par la rareté des sérigraphies, le public est amené à se questionner aussi sur son rapport aux objets et sur les étapes de conception/fabrication, plutôt inhabituelles au regard des mutations technologiques rencontrées aujourd'hui...
Voici un ensemble de liens et ressources permettant de directement apprécier le travail réalisé.
Interface globale regroupant toutes les ressources vidéo, photographiques et présentations :
http://www.strikingly.com/ns12-13
Accès aux créations graphiques et textuelles réalisées pour chaque artiste
Voici également une interview réalisée par Manuel Fadat auprès de James Chaigneaud, coordonateur du réseau et chargé de mission action culturelle et communication à la DRAAF-SRFD Languedoc-Roussillon. Les enjeux du projet général Nature Sensible ainsi que les positionnements pédagogiques et artistiques y sont abordés avec beaucoup de finesse.
Mots-clefs (contextuel) : Il est question de formes d’arts, de pratiques artistiques contemporaines, de projets artistiques et culturels, de résidences d’artistes, de présence des artistes dans les établissements, d’enseignement socio-culturel caractéristique des Lycées Agricoles, de pédagogie, de développement de l’esprit critique et de connaissance des pratiques culturelles, d’éducation artistique, et naturellement des principaux bénéficiaires, c’est-à-dire les élèves (expérience, prise de conscience du travail des artistes en fonction de leur domaine, de leur discipline, et des divers processus de création, de développement de la sensibilité, de la connaissance).
Questions :
James Chaigneaud, tu es le coordinateur du réseau RECREA (Réseau d’Education Culturelle Régional de l’Enseignement Agricole), réseau étroitement et intrinsèquement lié à l’enseignement socio-culturel dans les Lycées Agricoles. Peux-tu nous expliquer en quelques mots l’historique, les enjeux et perspectives du dispositif Nature Sensible ?
Le projet Nature Sensible, résidences de création en lycées agricole a débuté en 2004. Ce dispositif permet à de jeunes artistes émergents de résider pendant trois à six semaines, dans un des onze établissements publics agricoles de la région Languedoc Roussillon. Il permet un contact privilégié entre les élèves, les artistes, les œuvres et les institutions culturelles. Depuis 2008, une résidence itinérante a été mise en place pour documenter et témoigner de manière singulière et subjective du travail réalisé dans les lycées.
Historiquement, le principal enjeu pour l’enseignement agricole a été de combler le fossé culturel existant entre ruraux et urbains mais les modifications géographiques et sociologiques des populations vivant en milieu rural ont entraîné une porosité et une complexité des pratiques culturelles. Nous souhaitons faire évoluer le dispositif en développant les relations entre les établissements, l'artiste et le territoire. Le projet concernera les élèves du lycée mais s’ouvrira plus largement à l’ensemble de la population du territoire grâce aux partenariats avec les structures de diffusion culturelle et avec les établissements d’enseignement de l’Éducation Nationale.
Peux-tu nous parler plus particulièrement de Nature sensible 2013 (choix des artistes, types de résidences) ?
L'objectif de Nature sensible 2013, « arts numériques » est de s'interroger sur la redéfinition incessante des champs artistiques et culturels qu'imposent les pratiques numériques. Et de faire découvrir aux élèves comment la création artistique contemporaine s'empare des nouvelles formes techniques à travers des installations interactives, des ateliers, des concerts et des œuvres participatives. Il s'agissait, dans la sélection effectuée avec nos partenaires de la DRAC et du Conseil Régional, de choisir des artistes qui seraient à même de jalonner ces différentes composantes.
Les principaux bénéficiaires de ce dispositif sont naturellement les élèves. Peux-tu nous parler des effets positifs des résidences d’artistes, de la présence des artistes dans les établissements, en termes de pédagogie, d’expérience, de sensibilisation aux formes d’art et pratiques artistiques, de développement de l’esprit critique, de connaissance ?
Le principe des résidence est de consacrer du temps et de l'espace à la rencontre entre les élèves et les artistes pour que la démarche ne soit pas circonscrite à l'évènementiel. Les résidences de création sont une forme de « pédagogie interstitielle » qui va instiller de nouveaux rapports entre les univers culturels des élèves, le processus de création et les lieux de transmission. La présence de l'artiste sur un temps long permet des modifications d'échelles et de temporalités nécessaires à ces changements de perception.
Cette année, vous avez également accueilli une résidence itinérante, l’Atelier Nomade de Sérigraphie, animée par l’artiste Gaspard Bébié-Valérian. Peux-tu nous dire quelques mots à ce sujet ?
J'ai tout de suite été séduit par le projet de Gaspard qui mêlait une esthétique « low tech » avec l'atelier de sérigraphie nomade et « high tech » avec la création d'un site en scrolling vertical documentant le travail des artistes « sédentaires ». Je trouve très poétique l'idée d'un retour via internet à un dispositif antérieur à l'invention du livre et à sa pagination.
Cet atelier nomade de sérigraphie est à la fois un travail de recherche purement graphique et une réflexion conceptuelle sur les différents travaux des résidents, le recto des affiche sérigraphiées se doublant d'un verso plus analytique qui retranscrit le travail de chacun des artistes.
La résidence itinérante est un exercice aux multiples contraintes, qui nécessite une stratégie oblique mêlant un regard de documentariste et une subjectivité artistique. Je pense que Gaspard a su trouver ce point d'équilibre dans chacun des établissements.
Présentation à Paloma - Nîmes du travail finalisé :
[AFG_gallery id='9']Atelier Nomade de Sérigraphie à Théza
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